La littérature gothique à l'époque victorienne

Pour suivre le mouvement et insuffler un peu de vie dans ce forum...
J'ai eu la chance de faire équipe avec Élise et que si vous cherchez la biblio ou la sitographie c'est vers elle qu'il faudra se renseigner (je les cherche encore). ^^
Ah et je ne suis pas particulièrement fière de l'intro (je peux le dire c'est moi qui l'ai rédigée), il faudrait reprendre deux-trois trucs, mais pas ce soir il y a "The IT Crowd" qui m'attend.


Après avoir passé pas mal de temps sur la mise en page, j'arrête là. J'ai réussi à le rendre à peu près lisible, mais je ne sais pas comment me débarrasser de tous ces espaces.




La littérature gothique à l'époque victorienne




Nos bibliothèques et nos imaginations sont bien souvent hantées par des fantômes –et autres créatures fantastiques- qui, si leurs formes se déclinent aujourd'hui, ont généralement pris racine dans l'Angleterre de l'époque victorienne.

La littérature gothique, née au milieu du XVIIIème siècle, se développe au cours du XIXème sous le règne de Victoria. A l'époque, même si l'attirance pour le genre diminue, les romans se font de plus en plus créatifs et de plus en plus riches culturellement parlant. Nous nous limiterons aux nouvelles et romans d'auteurs britanniques à l'époque
victorienne. Nous avons choisi comme point de départ de notre étude, le roman de George W.M. Reynolds : The Mysteries of London (publié en 1844), parce qu'il s'agit de l'un des premiers romans à mettre en scène des légendes urbaines ("urban mysteries"). Il est le témoin des premières répercussions de l'âge industriel sur les esprits. A l'opposé, la nouvelle d'Algernon Blackwood "The Willows" nous paraît un bon exemple pour limiter chronologiquement notre approche. Le récit, publié en 1907, est l'un des premiers textes dit d'"horreur moderne" et il inspire l'américain Lovecraft : témoin du relai du gothique entre Grande-Bretagne et Etats-Unis à la fin de l'ère victorienne.

Le roman et la nouvelle gothique se caractérisent par un certain nombre de "topos", d'éléments caractéristiques et récurrents. Il faut tout d'abord planter le décor : un lieu souvent isolé, impénétrable, des bâtiments d'inspiration moyenâgeuse (cathédrale, manoirs...). A ceci est souvent associé un climat mystérieux, inquiétant -voire effrayant-, dont l'intensité est accentuée par des scènes souvent nocturnes : l'atmosphère, l'ambiance créée dans le roman gothique est généralement le premier élément qui permet de l'identifier comme tel. S'y ajoutent les acteurs : l'héroïne, victime, mais néanmoins curieuse -voire fascinée par son agresseur-, un ennemi plus ou moins clairement identifié, dont le degré de monstruosité et les formes varient -central à l'intrigue- et le héros, qui reste souvent en l'arrière-plan.

Le paradoxe entre un déclin relatif de l'intérêt du public pour ce genre et le développement en parallèle d'une plus grande créativité et liberté dans le genre nous a paru intéressant en ce qu'il se fait le miroir de la société victorienne. De plus, le renouveau actuel du genre gothique et de l'horreur (tant dans le cinéma, que
dans la littérature) invite à se replonger dans ce que furent les fondements du gothique que nous lisons aujourd'hui sans en comprendre tous les codes et leur signification.

La période victorienne est riche en changements. De manière très générale, il faut souligner que la période victorienne est considérée comme un période d'âge d'or pour les arts et donc pour la littérature qui gagne en créativité. La Révolution industrielle et le développement des villes expliquent les mentions récurrentes aux dangers de la ville (liés à la pauvreté et aux conditions de vie dans les zones urbaines). Le recours au manoir et la mise en valeur de la campagne anglaise dans les descriptions font écho aux craintes de voir disparaître l'Angleterre rurale sous la pression industrielle. Progressivement se fait entendre la voix de ceux qui reformulent les grandes questions éthiques posées par les progrès techniques. De nombreux romans reflètent également l'intérêt croissant pour la psychologie, l'esprit humain et ses énigmes.

En ceci, il convient de se demander quelle image de la société victorienne est reflétée dans les romans gothiques. L'approche de ce sujet invite également à chercher comment interpréter les codes du genre et son évolution (tant dans l'imaginaire
populaire, que dans la forme et le fond du gothique en soi) dans une Angleterre en pleine mutation.









I) Le roman gothique victorien : miroir des craintes nées des progrès de l’âge industriel…



a) Villes tentaculaires et campagnes hantées

- place croissante des villes dans le cadre romanesque (ex. The Mysteries of London, --> urban mysteries).

- description de l’insalubrité des villes et du constat de la proximité des milieux aisés avec la pauvreté de certains quartiers au sein des mêmes villes (romans de Dickens : description de Londres dans Oliver Twist ou de The Mystery of Edwin Drood).

- revalorisation de la campagne anglaise («merrie England ») à travers les descriptions de manoirs, cottages… (ex. l’action de Wuthering Heights d’Emily Brontë se déroule dans les Yorkshire Moors ; Le Farnu se sert de paysages déserts et antiques comme allégorie à la chute de l’aristocratie). Ces lieux hantés permettent de faire revivre dans l’imaginaire anglais des paysages menacés par le développement urbain.

b) Les limites du progrès : science et hubris

- période marquée par des progrès conséquents, notamment dans le domaine scientifique. Des craintes liées à ces rapides évolutions sont perceptibles dans les romans gothiques (mise en lumière de leurs limites) à ex. Frankenstein : réflexion sur les progrès scientifiques et description de l’hubris de la science.

- questionnements éthiques.

- mise en scène des inventions, nouveaux modes de transports (développement du réseau ferroviaire, métro…). Ex dans Dracula, Stoker intègre les inventions récentes (télégraphe, train, machine à écrire…) comme moyens de contrer le conte maléfique.

c) Le monde extérieur : attraction et répulsion

- expansion de l’empire colonial de l’Angleterre durant la période victorienne. Des romans gothiques comme The Moonstone témoigne de la conscience qu’ont les Anglais de cet empire (le roman met en scène un diamant indien, auquel sont rattachés des pouvoirs surnaturels : lorsque le diamant est volé, la famille plonge dans le malheur).

- mise en garde contre les apports du monde extérieur et les dangers de l’avidité. Dans The Monkey’s Paw, nouvelle anglaise, le père de famille demande à un talisman -censé exaucer les souhaits- de l’argent, qui lui est remis sous forme de compensation à la mort de son fils au travail.




II) … et peinture sociale : retour sur le contexte politique et regard sur la cellule familiale et l'individu



a) L'artiste marginal en réaction contre la société « puritaine » : le développement du surnaturel

- société principalement anglicane, en réaction aux Lumières –qui remplacent les principes divins par des lois purement rationnelles-. Ici, le surnaturel représente, dans une certaine mesure, cette figure divine énigmatique et mystérieuse.

- valeurs de l'époque victorienne que l'on retrouve –souvent en négatif pour les exorciser- dans la littérature gothique : indépendance (ne pas avoir recours à la charité), piété, dur labeur, propreté, tempérance, ordre social, focalisation autour de la famille…


b) La famille dans le roman gothique : correspondances entre personnages et stéréotypes

- rôles spécifiques des hommes et des femmes : accentuation du caractère maternel de la femme, position de l'homme comme chef de famille. Parallèlement, on observe des progrès (ex. travail des femmes célibataires). Le roman gothique suit ces évolutions et dénonce l'infantilisation et la subordination de la femme (poussé à l'extrême : figure de l'héroïne en détresse, viols, etc… ). Dans les romans des sœurs Brontë, par exemple, sont présentées des tentatives de subversion du modèle patriarcale et ses conséquences.

- peur de la perte de l'ordre sociétal : ex. Le moine, William Lewis (relate comment des unions illégitimes peuvent mettre en péril l'ordre établi).


c) Intérêt nouveau pour l'individu : apparition de la psychologie dans le roman gothique

- influence de Darwin et de son œuvre L'origine des espèces (1859) à question de la définition de l'humanité, à travers la (sur)humanité recrée, comme dans Frankenstein (ou le Prométhée moderne). Le roman aborde en outre la relation Créateur/créature et interroge le rapport entre l'homme et un démiurge (que l'on remet en question).

- exorcisation des craintes face au contexte socio-politique par la peur.

- influence des théories freudiennes. Les théories du "refoulé", du rôle de l'inconscient donne naissance à des personnages, dont la spécificité même illustre ces découvertes : ex. Dr.Jekyll et M.Hyde (dédoublement de la personnalité, bien/mal).




III) Epanouissement créatif : introspection de l'art et de l'artiste dans la société victorienne



a) Prospérité et développement artistique

- période victorienne prospère : âge d'or pour les arts (notamment par le biais du mécénat…).

- retour aux thèmes antiques à influence de l'histoire et de la mythologie grecque, latine, de la Bible…. Intérêt pour l'histoire en général : pour Dracula, Bryan Stoker s'est inspiré du personnage historique Vlad Tepes (prince de Valachie).

- les ruines des bâtiments gothiques mises en scène servent également de métaphore à l'inévitable déclin des civilisations.


b) Le pouvoir de l'imagination et de l'esthétique

- Avec l'époque victorienne, le gothique n'est plus le genre dominant, ce qui lui permet d'entrer dans une phase plus créative. Le détail devient plus important : dans la Chute de la maison Usher, chaque élément est significatif. A mettre en relation aussi avec le mouvement "fin de siècle" suivi notamment par Oscar Wilde ou Henry James.

- le sublime est central dans ces romans : concept esthétique qui naît de la crainte face à la force du beau. Les romans gothiques mettent également l'accent sur la création d'une atmosphère particulière.

- ce renouveau passe par une réinvention du genre lui-même, une transgression des codes : ce qui fit Edgar Allan Poe, par exemple, dans ses nombreuses nouvelles gothiques.


c) L'art et la vie, l'artiste et la société

- Le genre gothique réfléchit sur l'art en général et sur lui-même. C'est ce travail qui apparaît dans Northanger Abbey, par exemple, dans lequel Jane Austen offre une parodie du gothique à travers les traits d'une héroïne naïve, que la lecture de récits gothiques conduit à réinterpréter tout ce qu'elle perçoit comme mystérieux.

- Le récit gothique met souvent en scène et questionne sa propre identité : la nouvelle de Poe, "Le Portrait ovale" offre une réflexion sur le rapport entre l'art et la vie, la beauté et la mort.

- l'artiste se met également en scène. C'est le cas notamment dans Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, qui pose la question de l'influence et de la responsabilité de l'artiste. le dédoublement de Dorian –à la fois criminel et esthète- permet une mise en abîme du statut de l'écrivain dans la société victorienne.

Titres phrasés aussi ^^

Yep partiellement... (j'ai réussi à convaincre Élise de me laisser mettre des titres à rallonge)