Vara is Owl
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon : la prochaine extension ...
Voir le deal

TD (groupe 2) - texte 4 - Arundhati Roy, The God of Small Things (India, 1997)

Aller en bas

TD (groupe 2) - texte 4 - Arundhati Roy, The God of Small Things (India, 1997) Empty TD (groupe 2) - texte 4 - Arundhati Roy, The God of Small Things (India, 1997)

Message par Marie Mar 26 Avr - 2:30

In the old house on the hill, Baby Kochamma sat at the dining table rubbing the thick, frothy bitterness out of an elderly cucumber. She was wearing a limp checked seersucker nightgown with puffed sleeves and yellow turmeric stains. Under the table she swung her tiny, manicured feet, like a small child on a high chair. They were puffy with edema, like little foot-shaped air cushions. In the old days, whenever anybody visited Ayemenem, Baby Kochamma made it a point to call attention to their large feet. She would ask to try on their slippers and say, “Look how big for me they are”. Then she would walk around the house in them, lifting her sari a little so that everybody could marvel at her tiny feet.
She worked on the cucumber with an air of barely concealed triumph. She was delighted that Estha had not spoken to Rahel. That he had looked at her and walked straight past. Into the rain. As he did with everyone else.
She was eighty-three. Her eyes spread like butter behind her thick glasses.
“I told you, didn’t I?” she said to Rahel. “What did you expect?’ Special treatment? He’s lost his mind, I’m telling you! He doesn’t recognize people anymore! What did you think?”
Rahel said nothing.
She could feel the rhythm of Estha’s rocking, and the wetness of rain on his skin. She could hear the raucous, scrambled world inside his head.
Baby Kochamma looked up at Rahel uneasily. Already she regretted having written to her about Estha’s return. But then, what else could she have done? Had him on her hands for the rest of her life? Why should she? He wasn’t her responsibility. Or was he?
The silence sat between grandniece and baby grandaunt like a third person. A stranger. Swollen. Noxious. Baby Kochamma reminded herself to lock her bedroom door at night. She tried to think of something to say.
“How d’you like my bob?”
With her cucumber hand she touched her new haircut. She left a riveting bitter blob of cucumber froth behind.
Rahel could think of nothing to say. She watched Baby Kochamma peel her cucumber. Yellow slivers of cucumber skin flecked her bosom. Her hair, dyed jetbiack, was arranged across her scalp like unspooled thread. The dye had stained the skin on her forehead a pale gray, giving her a shadowy second hairline. Rahel noticed that she had started wearing makeup. Lipstick. Kohl. A sly touch of rouge. And because the house was locked and dark, and because she only believed in forty-watt bulbs, her lipstick mouth had shifted slightly off her real mouth.



Dans la vieille maison sur la colline, Baby Kochamma, assiste à la table de la salle à manger, pelait un vieux coconmre frottant sa surface épaisse, amère et mousseuse. Elle portait une chemise de nuit ample, à carreaux, en crépon, qui arborait des manches bouffantes et des taches jaune safran. Sous la table, elle balançait ses tout petits pieds impeccablement soignés comme une jeune enfant perchée sur une chaise haute. Bouffis par des œdèmes ils avaient l'air de petits coussins d'air en forme de pied. Dans le temps, à chaque fois qu'il y avait des invités à Ayemenem, Baby Kochamma tenait absolument à attirer l'attention sur la taille de leur pied. Elle demandait toujours alors à essayer leurs pantoufles et disait : "Regardez, elles sont vraiment trop grandes pour moi." Puis, elle marchait dans toute la maison en les gardant au pied tout en soulevant un peu son sari pour que tout le monde puisse s'émerveiller devant ses tout petits pieds.
Elle s'affairait sur son concombre en arborant un air triomphant à peine dissimulé. Elle était ravie qu'Estha n'ait pas parlé à Rahel. Qu'il l'ait regardée et soit passé devant elle sans s'arrêter. Sous la pluie. Comme il le faisait avec tout le monde.
Elle avait 83 ans. Ses yeux s'étalaient derrière les verres épais de ses lunettes comme du beurre sur une tartine.
"Je te l'avais dit pas vrai ? dit-elle à Rahel. A quoi tu t'attendais ? A un traitement de faveur ? Il a perdu la tête, je te dis. Il ne reconnaît plus personne. Qu'est-ce que tu te figurais ?"
Rahel ne répondit pas.
Elle sentait le rythme du balancement du corps d'Esther et l'humidité de la pluie sur sa peau. Elle percevait le monde bruyant et confus, qu'il avait dans la tête.
Baby Kochamma leva les yeux vers Rahel, avec un air gêné. Déjà, elle regrettait de lui avec écrit pour la prévenir du retour d'Estha. Mais d'un autre côté, qu'aurait-elle pu faire d'autre ? L'avoir sur les bras pour le restant de ses jours ? En quel honneur ! Elle n'était pas responsable de lui. Ou peut-être que si ?
Le silence s'installa entre la petite nièce et sa minuscule grand-tante, comme si une troisième personne était présente. Un inconnu. Envahissant. Nocif. Baby Kochamma se dit qu'il fallait qu'elle ferme à clé la porte de sa chambre le soir. Elle essaya de trouver quelque chose à dire.
" Est-ce que tu aimes ma nouvelle coupe ?"
De sa main enconcombrée, elle toucha ses cheveux récemment coupés. Elle y laissa une tâche amère et fascinante d'écume de concombre.
Rahel ne trouva rien à répondre. Elle continua de regarder Baby éplucha son concombre. Des restes de peau de couleur jaune tachetaient la poitrine. Ses cheveux d'un noir de jais étaient emmêlés comme une obine de fil déroulée sur son crâne. La teinture avait tâché la peau de son front, une ligne gris pâle, juste en dessous de la racine des cheveux, donnait l'impression qu'elle avait une seconde implantation capilaire indistincte. Rahel remarqua qu'elle s'était mise à se maquiller. Du rouge à lèvre. Du kohl. Une légère touche de fard à joue. Et parce que la maison était fermée et sombre, parce que Baby ne jurait que par les ampoules de 40 Watt, le rouge à lèvres lui avait maquillé une autre bouche un peu à côté de la vraie.
Marie
Marie

Messages : 642
Date d'inscription : 13/10/2010

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum