West Side Story, Robert Wise (1961) - debrief de la première soirée film !

Bilan très positif pour cette première soirée ^^ Au menu : un classique du cinéma américain, des pizzas et de la bière
Pour les absents, la fiche du film (estimez vous heureux, au moins vous n'avez pas les chansons gravées dans la tête, chantées par la voix mélodieuse de Clément qui plus est^^).


Bien que le nom de Shakespeare ne soit jamais crédité au générique ("Scaaaaaandaaaale", scande, avec ire, la foule), il est cependant évident qu'une analyse un peu poussée du film ne peut se faire sans connaissance de la pièce surement la plus connue du monde occidental, Romeo and Juliet (si vous y avez échappé au cours de vos études, rattrapez vite votre retard honteux )
Bref, -maintenant que nous sommes tous au même niveau de références culturelles , commençons (par contre alerte novice hein! ai presque jamais fait d'analyse d'adaptations cinématographiques, hormis les "kikoolol ce film est trop cool et "x" est troop beau d'abord! huhu" postés sur divers forums fréquentés par des ado prépubères)
Bref (je m'égare un brin), revenons au film, shall we?
Ce qui m'a le plus "impressionné"? Sans aucun doute les chorégraphies et les chansons - car WSS est avant tout l'une des premières "comédies musicales" (sans dec', elles sont trop cools les chansons, je connaissais que "America" et "Tonight", grâce aux obscurs cours de musique dispensés dans nos collèges républicains [...] je m'égare), notamment "Gee! Officer Krupke", et puis zut! la scène d'ouverture avec les claquements de doigts est vraiment "catchy" et n'a pas pris une ride!
(pour rester dans le sujet de la musique, une analyse des chansons "Cool" et "America" )
Il faut bien l'avouer, j'ai préféré les scènes d'affrontement entre Jets et Sharks (la "battle" de danse ) aux scènes plus mièvres du "love at first sight" couple, Tony et Maria (et puis Richard Beymer a les dents trop blanches d'abord).

Un classique en somme, parce qu'il traite avant tout de sujets intemporels, qui interpellent toujours autant 50 ans après (ou 500 avant) : le racisme primaire, l'amour défendu, la consommation massive de soda etc.

En ce qui concerne la fin *attention spoilers*, je reste peu convaincue...Je ne comprends pas vraiment l'intérêt (ouais, ok, c'est plus optimiste, m'enfin...), bien que la scène soit au final assez "forte" visuellement parlant.

[j'éditerai surement mon post plus tard, pour l'instant c'est du brut de décoffrage hein ]

A vos claviers!

[edit] Un autre lien assez intéressant ici

Je confirme le bilan très positif de cette première soirée film !
Outre le très chaleureux accueil de notre hôte nous avons tous redécouvert "West Side Story" and it's worth it (comme ils diraient outre Atlantique/Manche).


Je n'ai aucune compétence en commentaire cinématographique (en tant cas pas très poussé). Je peux juste ajouter peut-être une ou deux choses à toutes les remarques d'Anaïs.
Je ne reviens pas sur la musique, les chorégraphies... vous aurez compris que c'est l'un des plus grands atouts du film (et puis c'est une comédie musicale, alors... ^^).
Quelque chose qu'on n'a pas vraiment abordé ce sont les décors. En effet (on pense par exemple à toute la première scène où l'on surplombe la ville), Robert Wise nous montre New York et ses rues, ruelles, bâtiments... (je pense que ça pourra inspirer les fans de Dos Passos). Je n'irai pas jusqu'à dire que comme chez Dos Passos ou comme dans certains films de Woody Allen la ville est un personnage en elle-même, mais elle est tout de même omniprésente : elle est l'enjeu, le prétexte de l'affrontement des deux clans.

Pour ceux qui se préparent déjà (psychologiquement, émotionnellement...) à notre Survey sur l'adaptation cinématographique... le film peut nous donner matière à réflexion.
Le problème de l'adaptation cinématographique c'est qu'on a (trop) souvent tendance à l'appréhender sous l'angle (somme toute assez manichéen) : fidèle/pas fidèle.
L'histoire est tirée de Romeo and Juliet (c'est indéniable). Mais l'éloignement par rapport au texte d'origine nous permet de considérer le film comme une œuvre en elle-même (et pas comme une simple copie). Robert Wise ajoute à la pièce une dimension sociale (problème de l'intégration des immigrants et des minorités, le rêve Américain entre espoir et désillusions...).
Sur le choix de la fin, je suis aussi assez sceptique... je ne trouve pas ça beaucoup plus optimiste. Et puis lorsque Maria pointe l'arme sur ceux qui l'encercle, elle reformule la "morale" de la pièce.
Donc voilà, je pense que la réactualisation de la classique histoire des amants de Vérone (mais est-ce qu'on peut vraiment parler de réactualisation? elle n'a jamais vraiment vieilli) sert bien le regard du réalisateur sur la société américaine et nous prouve que Shakespeare a créé une source d'inspiration inépuisable et déclinable à l'infini (sacré William ! *oui c'est le mot de la fin*)

Bon je vous rejoins sur ce que vous avez dit !

L'adaptation de Shakespeare (oui oui je crie aussi aux sandales pour la non-apparition de son nom) est pas mal du tout selon moi, on retrouve les deux bandes rivales, à peu près tous les personnages et le personnage de Tony est moins chiant que Roméo. En revanche, si on ne sait pas que c'est du Shakespeare, faut s'accrocher pour comprendre.

Les scènes de danse sont énormes (notamment celle des filles musicales ) et surtout superbes parce que la danse même pendant les combats c'est magique ! Le début muet, je le trouve intriguant, mais dans le bon sens parce qu'on veut absolument la suite pour tout savoir Les chansons sont aussi mythiques et (comme vous l'avez compris) j'adore !

Sinon je suis aussi d'accord : les scènes de Tony/Maria, c'est assez mièvre et durent parfois un peu trop longtemps selon moi. Les flous artistiques pour les mettre en valeur devaient être avancés pour l'époque^^ Et l'effet de lumière lors du faux mariage était trop divin pour moi^^
Sinon le reste est vraiment bien, y'a rien à redire. Hormis la fin sur laquelle je reste aussi perplexe parce que Maria avec son pistolet sur tout le monde, j'ai trouvé ça étrange. Même si c'était l'intention du réalisateur de faire une fin plus joyeuse, même si finalement, je la trouve encore plus tragique parce qu'elle perd l'amour de sa vie alors que dans la pièce, ils "vivaient" leur amour dans la mort.

En ce qui concerne la dimension sociale, je suis d'accord parce que l'histoire est actualisée aux années 50 mais dans la pièce de Shakespeare, la société a une place tout aussi grande donc c'est à modérer selon moi... Même si la chanson "America" est tout à fait l'archétype de l'opposition rêve américain / désillusion (ou mythe et réalité si l'on préfère^^) et que d'autres donnent une très bonne image des jeunes de cette société.

Au delà de ça, le film reste très actuel (même dans les vêtements, malgré les jeans trop courts XD) parce que la guerre des gangs existe toujours là bas, notamment, et la vie dans la rue est toujours vraie, ainsi que ce qu'a souligné Anaïs. Une société qui n'a pas changé sur certains points en plus de 50 ans... C'est triste mais ça donne une intemporalité au film que j'aime beaucoup. Un classique que je ne regrette pas !

Bref je n'ai pas apporté grand chose au schmilblick mais bon !

Justement je ne trouvais pas la dimension sociale très marquée dans Roméo et Juliette. On a vraiment l'impression qu'il n'y a pas de raison objective à leur querelle. C'est plus par "tradition", voire par habitude, qu'elles se battent. Le problème semble plus fort dans "West Side Story", ce n'est pas "pour d'anciennes querelles" que de "nouveaux se déchirent" (©Shakespeare *je ne veux pas qu'on crie au scandale^^*).

Ben la raison est si vieille qu'il ne s'en rappellent pas et certes c'est habituel mais y'a la notion de fatalité dedans, qui augmente la machine tragique, qu'on ne retrouve pas tant dans WSS. Mais dans WSS c'est pas nécessairement plus objectif... C'est des Américains face à des immigrés porto-ricains et on ne sait pas vraiment non plus pourquoi ce groupe a choisi ce groupe outre que pour une fausse histoire de rue, je trouve ça "logique" en fait, comme on voit aujourd'hui les affaires de gangs qui se passent la main entre les générations parce que UN type avait fait qqn à un autre 10 ans avant... Pour moi Capulet/Montaigu = Jets/Sharks quand même sur certains points...

Dans R&J t'as la dimension sociale dans le mariage arrangé, la jeunesse de la mariée, le rôle des mères, la liberté des jeunes hommes, les traditions aristocratiques, la vie et le pouvoir dans une cité, la place de la religion... Je trouve ça extrêmement marqué quand même... Peut-être le voit-on moins parce que c'est une société plus éloignée de la notre et qu'on appuie toujours l'histoire d'amour mais Roméo & Juliette reste une pièce, en second plan, qui décrit très bien la société de l'époque.

Merci pour tous ces éclairages.
Je comprends mieux ce que tu voulais dire.

Une petite chose à souligner je crois. Les Jets sont d'origine polonaise. Les deux clans sont des américains immigrés, qui se battent pour avoir place (et sa passe par une place géographique) dans la société américaine.

Ah riiiiiiiiiiight pour la dispute géographique, je te rejoins tout à fait ! ^^
Mais les Polonais sont américanisés parce que le film est dans les années 50 et les Polonais sont aux Etats depuis la première guerre (Chicago était dans les 5 premières villes polonaises du monde avant 1910...) donc c'est différent des 'PRs' qui viennent d'arriver...