Banksy : la subversion (au cœur) du quotidien

Voici une invitation à découvrir l'art de Banksy, figure majeure du street art (qui se développe de plus en plus ces dernières années).
J'ai essayé de mettre le plus possible en avant les œuvres, que j'ai regroupées par "thème", en essayant de proposer une orientation possible pour leur lecture.
Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir.


Réinvention du décor urbain : l'art et la rue

Banksy est un artiste du street art (ou art urbain), art qui se développe dans le paysage urbain sous forme de graffitis, de pochoirs (méthodes qu'il utilise principalement), d'installations éphèmères. Dans la petite ville de Bristol, Banksy se fait un nom, bien qu'il reste (et c'est là son charme) inconnu. Il pousse rapidement les frontières et crée à Londres, Paris, New York, Disneyland, sur le mur érigé en Palestine par les autorités israéliennes… L'art urbain est un art éphémère, mais avec Banksy il gagne en durabilité et encore en visibilité.
La nécessité de cet art "illégal", qui se développe en marge du bombardement "légal" et aliénant des images du quotidien est très bien résumé dans cet article paru sur monsterfresh.com : "Banksy’s hopeful, yet "illegal", art pieces are often created in response to the corporate advertisements and "legal' oppressive imaging that we are bombarded with on a daily basis.".


Le propre du street art est de créer à même le matériau de la ville et en cela de se le réapproprier.



Certaines de ces œuvres jouent sur les effets de débordement : les frontières entre le mur, le sol, la route sont brouillées.



L'artiste joue également sur l'effet palimpseste, réécrit par-dessus le graffiti "ordinaire", réécrit ainsi le rôle de l'artiste du street art.



Banksy travaille beaucoup autour de l'idée d'ouverture. Il pousse les murs, invente –en trompe l'œil- un nouvel horizon.



Il est également intéressant de se pencher sur la mise en scène de l'artiste dans ses œuvres : mise en abîme du graffiti et du statut de son auteur.







La société derrière les façades : provocation et réflexion

Ce que peint Banksy c'est un portrait de la société telle qu'elle existe derrière les façades. Il provoque, s'engage, donne voix à tous (les rats symbolisent les classes sociales inférieures), dénonce l'aliénation des images récurrentes du quotidien. Le street art est un art de subversion et de révélation des failles devenues invisibles parce qu'omniprésentes.


Banksy représente des scènes "ordinaires" de la vie quotidienne, qui façonnent l'image que la société a d'elle-même. Il rend visible à tous l'invisible, l'impose sur le tissu urbain. L'artiste tend à
gommer les barrières entre les classes sociales (récurrence de la figure du rat).




L'artiste anglais subvertit étalement les symboles de la tradition et de l'ordre.



Banksy se réapproprie les iamges de la révolte sociale qu'il transgresse : il représente la révolution pacifique qui opérera à coup de pinceaux. Il s'attaque également à la manière dont les médias les représentent : à l'image de ce journaliste, qui pour filmer une fleur la déracine.




Nombre de ces œuvres sont de ferventes critiques de la société de consommation.


La plus violente et efficace restant pour moi celle-ci (ci dessous), qui mêle la très dérangeante photo de Nick Ut (Phan Thi Kim Phuc screams in pain after her home is struck by napalm) aux images souriantes de Mickey et Ronald : les deux visages des Etats-Unis à l'étranger (violence de la guerre du Vietnam et consommation mondialisée).



Une autre thématique importante de l'œuvre de Banksy : "Big Brother is watching you". (CCTV désigne le système de surveillance anglais).








Jouer avec les codes : poétique et poésie

L'œuvre de Banksy est peuplée de références populaires et c'est ce qui la rend si accessible. Elle fait appel à ce que nous connaissons bien, ce que nous avons assimilé, ingurgité et qu'il nous donne à voir dans un autre contexte. La distance qu'il crée ainsi donne la portée poétique de son œuvre. Ces images –grâce à leur contexte et par l'engagement de l'auteur- prennent
également une dimension didactique.


L'œuvre de Banksy est poétique dans les images qu'elle crée au coin des rues ou dans son interprétation des coins et recoins de la ville.




L'artiste joue avec les codes, notamment ceux de la pop culture (Pulp Fiction) ou l'idéologie punk (The Clash et le "No culture movement").



L'art urbain s'invite au musée. Banksy bouscule également les codes de l'art traditionnel. Il a d'ailleurs exposé au Bristol Museum en 2009 : pour l'occasion il a réaménagé le bâtiment, chamboulé les collections classiques permanentes. Il a également demandé que l'entrée soit gratuite et qu'il n'y ait pas de merchandising en parallèle de l'exposition.


https://www.youtube.com/watch?v=lRai9x8aD3A&feature=player_embedded (Banksy vs Bristol Museum)


Banksy est un artiste engagé : en témoigne son action en Palestine, où il habille le mur de ses pochoirs représentant une petite fille qui s'envole avec des ballons ou du petit garçon qui peint une échelle pour le franchir.







L'art de Banksy est, en définitive, celui qui (se) joue des interdictions (et joue avec elles), comme ces deux enfants qui s'amusent avec la plaque interdisant les jeux de ballons.

Banksy est cet enfant qui fait des murs son terrain de jeu, pour dénoncer ce que les adultes veulent cacher derrière. Son art est celui de l'extraordinaire subversion de l'ordinaire. De la réinvention des normes, de la révélation du latent.




[1] http://monsterfresh.com/2008/10/23/pet-shop-boyee-banksys-village-pet-store-and-charcoal-grill/

Article "Signé Banksy" (Télérama n°3179)

Site de l'artiste : http://www.banksy.co.uk/

C'est...c'est trop COOL Marie !


Du coup, je ne mets ni un, ni deux Pokémon, mais bien les 151 d'un coup !

Oui, c'est vraiment trop cool et super intéressant !

Merci. ^.^

Waouhh ! Les 151 d'un coup ! C'est un peu comme le Double Rainbow all the way!
Il faudra peut-être créer une partie "défouloir Pokémon" sur le forum (pour faire des combats, organiser des débats passionnés et passionnants...) *je vais prendre mes pilules "anti-régression" et je vais lire The Scarlet Letter.* Zioup la ! ( Mary Poppins)

Oh je connais & je suis trop TROP TROP fan ! *yeux en coeur*